CHAULIAC Raymond Né le 12 mai 1904 à Montpellier (Hérault), mort le 5 mars 1987 à
Montpellier ; ingénieur des Arts et Métiers, puis architecte ; militant
socialiste de l’Hérault ; résistant, chef d’état-major régional des FFI ;
conseiller général du canton de Ganges (1945-1949). Titulaire
d’un diplôme d’ingénieur des Arts et Métiers, Raymond Chauliac exerça sa
profession dans le Tarn puis dans l’Hérault Après le Tarn, il s’installa à
Montpellier, sa ville natale et adhéra à la SFIO dans les années 1920. Membre
du PSDF néo-socialiste de Montpellier à sa constitution, il fut secrétaire
fédéral des équipes techniques de cette organisation dès le 13 mai 1934. Il fut
candidat du PSDF en 1934 dans le 2e canton
de Montpellier. En mai 1935, il fut élu conseiller municipal de la ville. Lors
des cantonales de 1937, il fut candidat sur le 1er canton du chef-lieu de
l’Hérault. À la veille de la guerre, Raymond Chauliac était membre de la
commission fédérale de propagande et secrétaire du groupe montpelliérain. Après
la défaite, cet ancien partisan des accords de Munich tenta de rejoindre
Londres, sans succès. Officier
de réserve, il s’engagea progressivement localement au sein du mouvement Combat.
Sous le pseudonyme de « Chabert », il prit en charge l’organisation, fin
1942, de l’Armée Secrète. Il fut également membre des réseaux « Action » de la
France combattante. Ses activités professionnelles l’amenant à effectuer de
nombreux déplacements, en zone rurale notamment, il bénéficiait, de ce fait, d’une
excellente couverture pour développer ses activités clandestines. En mai 1943,
la police tomba par erreur sur une réunion de la Résistance. Raymond Chauliac
passa quelques jours en prison avant d’être relâché. Pressenti pour prendre la
direction de la R3, il préféra se consacrer, dans ce cadre territorial, à
l’organisation de l’Armée Secrète dont il était le chef (dès l’été 1942, selon
G. Bouladou) pour l’ensemble de la R3 (pseudonyme Rivière). Il proposa
donc Gilbert de Chambrun* à ce poste. À la fin juin 1944, il devint chef
d'état-major régional, avec le grade de lieutenant-colonel, des FFI. Proche de
Francis Missa*, socialiste issu de Libération, responsable régional du
Comité d’action socialiste et membre du directoire régional des MUR, il fut
pressenti pour succéder à Gilbert de Chambrun à la tête des FFI mais les FTP
s’y opposèrent. Il semble avoir adhéré au CAS durant cette période. Son rôle
militaire fut particulièrement important, à partir du débarquement de Normandie
et plus encore dans la seconde quinzaine d’août 1944 lorsque les FFI
harcelèrent les colonnes allemandes qui se repliaient du Sud Ouest vers la
vallée du Rhône. Ce fut en sa qualité de chef d’état-major des FFI qu’il
collabora avec le général Zeller pour former une armée nouvelle. Peu après la
Libération, ses activités de chef d’état major régional des FFI, l’amenèrent à
participer au processus d’intégration des éléments armés issus des maquis dans
une armée régulière en voie de reconstitution, ainsi que le souhaitait le chef
du GPRF. Il dut, à cet effet, vaincre les réticences de certains. Il effectua,
dès septembre 1944, une délicate mission dans les Pyrénées-Orientales où les
guérilleros espagnols avaient pris position sur la frontière et la contrôlaient
de fait, en Cerdagne, tout particulièrement. Pour calmer l’ardeur des
guérilleros de cette zone et les contrôler indirectement il fit confiance à
l’un d’entre eux, Josep Mas i Tió* qu’il avait peut-être connu à Montpellier en
1941-1942, communiste catalan (du PSUC) en rupture de ban avec son parti, et le
fit accéder au grade de commandant des FFI. À
la Libération, Chauliac adhéra au Parti socialiste SFIO et fut conseiller
général du canton de Ganges, de septembre 1945 à mars 1949. En 1945, il avait
été élu avec l’appui communiste sans concurrent (2 458 voix sur 4 926
inscrits). Dans ce canton marqué à droite, le choix de Raymond Chauliac était
basé sur sa légitimité résistante et son catholicisme pratiquant. Au conseil
général, il devint rapporteur du budget et vice-président du groupe socialiste.
Ingénieur des Arts-et-Métiers, sa compétence « s’étend surtout aux problèmes
techniques et financiers », selon le préfet qui le considérait comme « un ami
personnel ». Vice-président du groupe socialiste au conseil général, il fut battu
en 1949. Devancé par Coste-Floret et un communiste, il obtint 742 voix sur 3
752 exprimés et se retira en faveur de Louis Monna, indépendant de gauche, qui
fut élu. À Montpellier, il obtint, aux municipales de 1945, deux fois plus de
voix que ses colistiers socialistes. Raymond
Chauliac créa son propre cabinet d’ingénieur-conseil, bureau d’études
spécialisé en assainissement, électrification, adduction d’eau. À ce titre, il
travailla avec nombre de collectivités territoriales et de services
déconcentrés de l’État. Politiquement, Raymond Chauliac connut un seuil
important dans sa carrière politique en 1949. Nettement devancé aux élections
cantonales de Ganges, il se retira de la compétition à l’issue du 1er tour. Lors du décès du sénateur Edouard Barthe*,
la même année, Raymond Chauliac fut pressenti pour l’investiture, ce d’autant
plus qu’il disposait de sympathies au sein du MRP et du RPF. Ce fut en fait
Jean Péridier qui obtint l’investiture puis fut élu. À
Montpellier, la principale section du département, il fut, avec Albin Tixador*
l’un des cadres dirigeants. Secrétaire adjoint de la section en 1951, il
succéda à ce dernier en 1954. Présent sur les listes SFIO aux municipales de
1945, 1947, 1953, 1959 (2e de
liste), 1965, il fut conseiller municipal de 1947 à 1953. En 1958, devenu
membre de la commission administrative fédérale, il fut le suppléant d’Henri
Doladille*, candidat SFIO sur la circonscription de Montpellier – Lodève. En
1959, il démissionna de son poste de secrétaire de section, vraisemblablement
parce qu’il exprimait des sympathies pour le PSA. Redevenu secrétaire en 1960,
Raymond Chauliac, deux ans plus tard, avec le soutien de la section de
Montpellier décida de remettre en cause les accords départementaux du « cartel
du Non » et se présenta sur la circonscription de Montpellier-Lunel. Il ne
réalisa que 13 % des voix. Durant les années 1960, Raymond Chauliac resta un
leader de 1er plan sur Montpellier mais n’arriva
pas à obtenir de mandats et dut composer, dans le cadre de la FGDS avec les
radicaux socialistes d’Étienne Ponseillé. Il resta encore actif, participant au
GAM. Progressivement, néanmoins, il fut marginalisé par l’émergence d’une
nouvelle génération de militants, notamment Georges Frêche, tête de liste
investie en 1971 et député en 1973. Il devint administrateur de la Caisse
d’Épargne, institution qu’il présida par la suite. Déjà membre de l’office HBM
avant-guerre, il en devint vice-président puis président dans les années 1950.
En tant qu’ancien cadre de la résistance et colonel de réserve d’aviation, il
joua un rôle de premier plan dans les principales associations d’anciens
combattants. Président de l’Union départementale des combattants volontaires de
la Résistance, du Conseil départemental de la Résistance, il deviendra par la
suite président de l’Union fédérale et de l’Union départementale des
associations d’anciens combattants dans les années 1970. SOURCES : Arch. Nat., F/1a/3228. F/1cII/270. F/1cII/277.
F/1cII/310. — Arch. départ. de l’Hérault, 9 M 400, 338 W 59 406 W 124, 376 W
64, 172 W 30, 3 M 1801, 506 W 328, 406 W 124, 356 W 13 et 14, 524 W 28, 524 W
46. — Arch. de l’OURS, Dossiers Hérault. Bulletin intérieur, n° 104. —
Arch. de l’IHTP, 72 AJ 48, témoignages Lucien Roubaud. —Arch. privées de Josep
Mas i Mas, fils de Josep Mas i Tió. — Le Languedoc Socialiste,
1934-1939. — Presse quotidienne héraultaise (La Voix de la Patrie, Le
Midi Libre, La Marseillaise du Languedoc) au moment des élections
cantonales et législatives. –Jacques-Augustin Bailly, La Libération confisquée.
Le Languedoc 1944-45, Paris, Albin Michel, 1993. –André Balent, « Del
Ripollès a la Cerdanya, guerres i revolució : Josep Mas i Tió (1897-1946),
militant i guerriller », Annals del centre d’estudis comarcals del Ripollès,
Ripoll, 2005, pp. 81-98 et 98a à 98f. – Gérard Bouladou, L’Hérault dans la
résistance, 1940-1944, Nîmes, Lacour, 1992. — Gilbert de Chambrun, Journal
d’un militaire d’occasion, Avignon, Aubanel, 1982. — H. R. Kedward, Naissance
de la résistance dans la France de Vichy, Idées et motivations 1940-42,
Paris, Champ Vallon 1989. —André Souyris-Rolland (dir.), Les forces
françaises de l’Intérieur du Languedoc-Roussillon/Région R3 dans l’armée de la
Libération, Actes du colloque d’Histoire, Montpellier, 14 mars 1996, Arcueil,
Public-Réalisations, 1997. — Entretien avec Josep Mas i Mas, Sant Pere de
Torelló, 21 août 2004. André Balent, Olivier Dedieu, Gilles Morin, Jean
Sagnes.
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